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L’éditeur vidéo René Chateau est mort

Cinéphile autodidacte, aventurier du septième art, publicitaire de génie, stratège avisé de la distribution, éditeur vidéo audacieux, collectionneur fou, farouche détenteur de catalogues, amoureux du cinéma… L’homme était certes tout cela, à condition d’ajouter une discrétion volontaire, une réputation sulfureuse construite sur les zones d’ombre et les mystères d’une biographie restituée volontairement de façon parcellaire ainsi que sur les inimitiés que lui portait une partie de la profession.
René Château recevait ses visiteurs dans un hôtel particulier du 16e arrondissement de Paris, véritable antre consacré au cinéma et à ses objets. Longtemps, il a passé une partie de l’année dans la capitale et l’autre à Saint-Tropez (Var). Il s’y était retiré définitivement depuis plusieurs années et il y est mort. La date exacte de son décès, qui a eu lieu dans la semaine du 5 février, est encore inconnue.
Il serait né au Mans le 3 juillet 1939 (certaines sources annoncent 1940). A la suite du divorce de ses parents, il s’installe avec sa mère à Paris. Elève médiocre, il passe son temps dans les salles de cinéma, fasciné par Hollywood et ses stars. Après son certificat d’études, il devient apprenti carreleur et publie un fanzine, La Méthode. L’acteur et réalisateur Gérard Blain l’introduit dans le monde du cinéma et le présente au directeur du magazine masculin Lui. Il y devient, selon ses propres termes, « spécialiste des playmates ».
Le cinéaste spécialiste de l’érotisme José Bénazéraf en fait son attaché de presse pour son film, Joe Caligula, dans lequel Chateau réussit à caser son ami Blain, qui y tient le rôle principal. La rencontre avec Jean-Paul Belmondo, au mitan des années 1960, sera déterminante. Liés par une forte amitié, les deux hommes ne se quittent plus. Chateau va mettre au point toutes les campagnes publicitaires de l’acteur et choisir lui-même les affiches (celle de Peur sur la ville, en 1975, qui s’inspirait de celle de Bullit, avec Steve McQueen, en 1968, ne sera pas pour rien dans le succès du film). Elles reprendront toutes le même design du héros brandissant une arme impressionnante, le nom « Belmondo » figurant en lettres capitales.
Il tient à distance la critique en refusant d’organiser des projections de presse et met en place une forme de rareté en réduisant au maximum les apparitions de la star. Plus qu’un simple publicitaire, il sera l’éminence grise de Belmondo, qui en fera son associé au sein de sa compagnie de production, Cerito. René Chateau intervient même au stade de l’écriture, exigeant des scénaristes et des réalisateurs, par exemple, une rituelle poursuite en voiture dans chacun des titres. Il aura fait de Belmondo une marque.
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